La Révolution Digitale vient bouleverser nos habitudes de consommateurs, de citoyens et de travailleurs. A la fois excitante (« Quelle est la dernière app qui fait fureur » ?) et angoissante (« Les robots prendront-ils mon job ? »), elle a engagé l’économie et la société dans un processus global et irréversible face auquel nos organisations sont contraintes de s’adapter ou mourir (Darwin avait raison).
Cette Digitalisation redessine en profondeur le paysage du Leadership économique : entre les GAFA (Google Amazon Facebook Apple) qui atteignent des valorisations financières records, des acteurs solides de l’économie traditionnelle (Cette notion a-t-elle encore un sens ?) réalisant leur transition numérique, les NewsPlayers jouant avec plus ou moins de succès les agitateurs sur tel ou tel marché, les lignes bougent … et viennent bousculer la vie de nombreux salariés. Si les méga-fusions ont encore la côte, comme le montre les affaires Essilor-Luxottica ou Safran-Zodiac, la Révolution Numérique vient impacter encore plus durablement et profondément « l’expérience du travail », parfois de manière évidente, parfois de manière plus insidieuse …
Les impacts de la Digitalisation sur nos organisations du travail
Le « tsunami » numérique contribue à l’émergence de nouveaux modèles structurants autour d’un travail désormais plus nomade, plus connecté, plus interactif, plus instantané et plus global.
Le développement du travail collaboratif en est un parfait exemple : sans aller jusqu’au modèle abouti de « L’entreprise Libérée », la logique verticaletend progressivement à se substituer à une logique horizontale. L’autorité ne vient plus du Chef mais du Groupe, appelé alors « Communauté ».
Une question se pose alors… Que devient celui qui sait ? Les profs ont eu peur de voir leur métier disparaître avec le boom des MOOCS. Les managers tremblent de voir leurs super-pouvoirs s’envoler en un clic ! Que dire alors au manager de proximité qui est encore celui qui « sait » ?Ce phénomène est accentué par l’arrivée en masse des générations Y et Z (bientôt majoritaires).
Les relations au travail sont bousculées … J’observe – chez mes clients – un décalage croissant entre des organisations pyramidales et en silos encore très majoritairement présentes et une aspiration des collaborateurs à d’autres configurations.
Les conséquences de ce fossé grandissant, permis« grâce et à cause de » la Révolution Numérique, sont nombreuses :
- Perte de repère des managers (d’autant plus vrai dans l’industrie avec le positionnement délicat des agents de maîtrise),
- Tensions relationnelles entre générations, mais surtout « fracture numérique » entre ceux qui like et les autres,
- Décalage entre compétences recherchées et disponibles,
- Redéfinition des modèles tacites de reconnaissance, avec les pro-et les anti-changements,
- Développement d’une culture pernicieuse du has been envers celui qui se montre plus « réservé » à l’encontre du tout-digital,
- Remise en cause du Leadership charismatique traditionnel…
Une nouvelle posture à développer
Qu’on se le dise : réussir sa transition digitale ne revient pas seulement à donner un iPad à ses équipes ou mettre en place un Réseau Social d’Entreprise ou encore Twitter les Corporate News en Live. C’est bien plus. La Digitalisation impacte un changement majeur : celui de la posture. L’exemple du Corporate Hacking l’illustre bien : cette pratique vise à « détourner » les règles établies dans les organisations avec une intention positive et constructive en mettant l’intérêt de l’entreprise comme objectif ultime. Il s’agit plus d’un état d’esprit que d’une compétence technique ! Le développement massif et ultra-rapide de ces nouvelles technologies influe donc en profondeur les relations managériales et pose la question d’un changement de paradigme en matière de Leadership.
Dans un tel contexte, on va probablement assister à la mort du Leadership charismatique (Le débat est ouvert): celui centré sur la personne et modélisé en matière RH par les outils de gestion des HP et des Happy Few.
Repenser le Leadership, c’est opter pour un Leadership :
- Plus inclusif et partagé,
- Qui redéfinit le rôle du manager,
- Qui est fondé exclusivement sur un savoir-être, seule manière d’intégrer « l’obsolescence programmée des compétences » (Les métiers de Demain n’existent pas encore. 50% du Savoir-Faire actuel sera dépassé dans 5 ans),
- Plus apprenant et plus collectif…
Cela implique – à mon sens – un retour du collectif nommé « Communauté ». La Soif individuelle de Pouvoir appartient à une époque révolue. L’ambition sera collective ou ne sera plus. De la même manière que nous sommes en train de passer d’une économie de la possession à une économie d’usage, il faut désormais – plus que jamais – accepter qu’êtrele Leader revient à être seulement et humblement « l’homme de la situation et du moment ». Sa dimension éphémère (sans lien avec sa propre valeur) le caractérise …
La nécessité d’impulser et d’accompagner une dynamique d’acculturation
Dans un tel contexte, comment, de manière concrète, peut-on accompagner ces changements ?
Voici quelques pistes à explorer et expérimenter, permettant une acculturation « franche » dans sa cible mais progressive dans sa mise en œuvre :
- Accompagner les managers, de manière individuelle et collective, en se focalisant sur leurs Soft-Skills,
- Mettre en place des Communautés (et non des groupes de travail), dédiées au développement Digital en interne auprès des autres collaborateurs,
- Redynamiser le collectif,
- Développer les Learning expéditions pour lever les préjugés,
- Explorer de nouvelles thématiques de formation pour les Managers : Digital, CNV, Interculturel … visant progressivement à modifier les critères de performance,
- Instaurer un droit à l’erreur…
Pour conclure, je détournerais cette phrase de Bill Gates : « Internet nous aidera à créer un « capitalisme sans friction » en mettant le vendeur et l’acheteur en relation directe et fournissant plus d’information sur chacun d’eux ». Souhaitons que la Digitalisation en mettant en « relation directe » les Leaders et leurs Followers permettra l’émergence d’un management 3.0 « sans friction » …
Merci de votre lecture